La biodiversité : une pompe à carbone ou un puits de carbone

Protéger la Vie ou la Biodiversité, c’est d’abord et aussi protéger le Climat dans l’intérêt intergénérationnel.

La biodiversité pompe et puits de carbone

§1 - Différence entre pompes et puits de carbone à "valeurs écologiques"

Les puits de carbone transfèrent et séquestrent le carbone uniquement contenu dans le milieu atmosphérique.  De même, les pompes opèrent ce processus de transfert quel que soit le milieu (océanique, sédimentaire ou organique).

Finalement, une seule différence sépare les pompes des puits de carbone. Les pompes à carbone captent le carbone issu de tous les milieux vers un autre milieu. Les puits de carbone se contentent de piéger le carbone issu du seul milieu atmosphérique, et de même, vers un autre milieu. Ces transferts de matières carbonées successifs, d’un milieu à l’autre, forment le cycle du carbone.  De ce fait, chacune de ces boucles compose les maillons d’une chaine qui, dans son ensemble, forme la cyclicité du carbone. L’équilibre naturel de jadis est aujourd’hui perturbé par le surplus d’émissions de carbone atmosphérique d’origine humaine.  En conséquence, les puits de carbone doivent être renforcés (art.5§1, Accord de Paris 2015 ; art. L. 132-4-II-2°, Code de l’env.) et les émissions limitées pour parvenir à la neutralité carbone (art. 4§1, Accord de Paris 2015 ; art. L. 100-4-I-1°, C. énergie).

§2 - Toute la Vie est un puits de carbone ou une pompe à carbone

L’atome de carbone est le matériau privilégié de la vie.  Des micro-organismes à la mégafaune, toute la biodiversité forme sa structure physique à partir du carbone.  De ce fait, la Vie contribue au cycle du carbone indispensable à l’équilibre du climat.

Tout d’abord il faut dire que l’atome de carbone est un matériau essentiel de la vie.  Pour quelle raison ?  Simplement grâce à ses caractéristiques chimiques.  L’atome de carbone est tétravalent, aux quatre liaisons chimiques, soit le maximum possible.  De plus, il possède la masse atomique la plus faible parmi les autres atomes tétravalents.  Or, la Vie – soucieuse d’économiser son énergie – cherche à former sa structure physique principalement à partir du carbone.  Ainsi, par cette réalité scientifique, tous les êtres vivants qui composent la Biodiversité sont un puits ou une pompe à carbone.  La Vie est un élément fondamental du cycle du carbone ; sans elle l’équilibre du climat est rompu.

§3 - L’interdépendance entre les puits de carbone et les pompes à carbone

C’est la bonne santé de la Vie qui permet la captation du carbone atmosphérique par les Entités environnementales que sont l’Océan, la Forêt, le Sol dont la Biodiversité. De ce fait, pas de puits de carbone sans pompe à carbone, l’Océan en est le fier exemple.

En premier lieu, l’Océan piège le carbone atmosphérique par un processus physico-chimique.  Ce processus a lieu à l’interface entre Océan et Atmosphère avec la dissolution naturelle des gaz partiels selon les lois de Dalton[1] et de Henry[2] en zone australe.  Cependant, en cas de saturation en carbone dissous dans ce même milieu océanique, l’Océan ne piège plus autant de carbone atmosphérique.  Pour cette raison, un phénomène d’acidification des océans se produit.  Or, la faune et la Biodiversité océanique séquestrent le carbone du milieu océanique pour former leur structure physique par un processus biochimique cette fois. Ainsi, sans pompe à carbone océanique, pas de puits océanique et réciproquement : ce sont les boucles de rétroaction positives[3].

§4 - Océan, Forêt, Sol – dont la Biodiversité – sont des puits de carbone.

Les puits de carbone aussi nommés « Entités environnementales » séquestrent chaque année la somme des efforts de réduction prévus dans nos engagements pour le climat…. Ainsi, la lutte contre les dérèglements du climat passe par la protection de la Biodiversité.

Si les émissions de carbone anthropiques étaient assimilables à une forme de pollution atmosphérique, les puits seraient le recyclage de cette pollution, de surcroit réalisé naturellement dans l’immense majorité des cas. Donc, les deux leviers des mesures d’atténuation – qui sont la limitation des émissions et le renforcement des puits d’absorption – sont chacun indispensables dans la lutte climatique.  À l’heure actuelle, seul le levier des limitations d’émission est utilisé, sans se soucier des absorptions par les puits.

Les puits sont les grands oubliés de la lutte climatique, d’où ce besoin de reconnaissance.

Références

[1] Le physicien et chimiste John Dalton (1766-1844) formule une loi sur les mélanges des gaz parfaits.  Elle énonce que la pression au sein d’un mélange de gaz parfaits est égale à la somme des pressions partielles de ses constituants.  La pression partielle d’un gaz dans un mélange est la pression qu’exercerait ce gaz s’il occupait seul le volume dévolu au mélange.  J. Dalton, « Essay IV. On the expansion of elastic fluids by heat », dans Memoirs of the Literary and Philosophical Society of Manchester, vol. 5, The Society, 1802.

[2] Le physicien et chimiste William Henry (1774-1836) énonce la loi sur la dissolution d’un gaz dans un liquide de sorte qu’à température constante et à saturation, la quantité de gaz dissout dans un liquide est proportionnelle à la pression partielle.  (…) qu’exerce ce gaz sur le liquide.  W. Henry, « Experiments on the quantity of gases absorbed by water, at different temperatures, and under different pressures », Philosophical Transansactions of the Royal Society of London, vol. 93,‎ 1803, p. 29–274.

[3] P. Friedlingstein, P. Cox, R. Betts, L. Bopp, W. von Bloh, V. Brovkin, P. Cadule, S. Doney, M. Eby, I. Fung, G. Bala, J. John, C. Jones, F. Joos, T. Kato, M. Kawamiya, W. Knorr, K. Lindsay, H.D. Matthews, T. Raddatz, P. Rayner, C. Reick, E. Roeckner, K.G. Schnitzler, R. Schnur, K. Strassmann, A.J. Weaver, C. Yoshikawa et N. Zeng, « Climate–Carbon Cycle Feedback Analysis: Results from the C4MIP Model Intercomparison », Journal of Climate, vol. 19, no 14,‎ 2006, p. 3337–53 (DOI 10.1175/JCLI3800.1, Bibcode 2006JCli…19.3337F, hdl 1912/4178).

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